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Que cherche l'Allemagne en Afrique?

- Les échanges commerciaux germano-africains ont atteint 60 milliards en 2013, un niveau bien inférieur à celui du commerce sino-africain qui a dépassé la barre des 200 milliards de dollars durant la même année.

Mohamed Hedi Abidellaoui  | 13.02.2017 - Mıse À Jour : 14.02.2017
Que cherche l'Allemagne en Afrique?

Chad

AA/ N'Djamena/ Mahamat Ramadane

Après certaines grandes puissances classiques comme la France et la Grande Bretagne et les nouveaux émergents comme la Chine et l'Inde qui continuent à se bousculer à la porte de l'Afrique, "avenir de l'économie mondiale", comme aiment à dire certains économistes de renommée internationale, voilà une autre grande puissance qui veut rejoindre la course.

L’Allemagne compte organiser un premier forum économique germano-africain le 23 mars 2017 à Francfort pour renforcer ses liens commerciaux et familiariser ses entreprises avec le continent africain.
La première puissance économique européenne, cherche ainsi à rattraper son retard en matière de coopération économique multilatérale dans cette région du monde, selon les experts interrogés par Anadolu.

* Angela Merkel stimule la marche


Pour l'économiste et enseignant chercheur tchadien, Doudjidingao Antoine, cette soudaine volonté allemande de renouer les relations économiques avec les pays africains, fait suite à la brève tournée africaine, en octobre dernier, de la Chancelière allemande, Angela Merkel, au Mali, au Niger et en Éthiopie.

«La visite de trois jours de la Chancelière, dans certains pays africains en octobre 2016, a permis aux délégations qui l’accompagnaient de constater, d'une part, le retard qu'accuse leur pays en Afrique, en matière d'investissements, et d'autre part, de remarquer l’expansion des investissements et échanges économiques de certaines puissances comme la Chine, l'Inde, la France ou encore la Grande Bretagne avec le continent», fait-il observer.

Pour l'économiste, le fait que le gouvernement allemand prenne l'initiative d'organiser ce forum germano-africain, est un bon signe pour les économies africaines. Les grands avantages étant le transfert des connaissances et compétences technologiques et le renforcement des échanges commerciaux.
Il se trouve, par delà, que l'environnement des affaires en Afrique attise de plus en plus les convoitises de ces superpuissances économiques. Une occasion pour les gouvernements et les entrepreneurs africains, dit l’économiste, pour répondre présents à ces rendez-vous économiques prônant un partenariat gagnant-gagnant.

«Dans tous les cas, les pays africains ne sont pas perdants. L’Allemagne est à la recherche de nouveaux marchés, de nouveaux projets d'investissement et a besoin de matières premières africaines. Ce forum germano-africain permettra aux pays africains de faire jouer la concurrence entre les puissances qui cherchent de nouveaux débouchés en Afrique.»


* L'Afrique doit en tirer profit

Insistant sur l’impératif pour les pays africains de s’inspirer du modèle de développement allemand, l'analyste fait remarquer que le savoir-faire allemand dans le développement technologique est des plus développés.

« S’il y a un grand profit à tirer de ce rapprochement germano-africain, ce serait, en premier lieu, le transfert des compétences allemandes en matière de transformation des produits agropastoraux», détaille-t-il.
Optimiste quant à l’avenir de la coopération germano-africaine, l'homme d'affaire tchadien, Mahamat Souleyman Goni, par ailleurs directeur général de la société Gaz Com-Tchad, affirme que les investissements allemands en Afrique tripleront dans deux ans si les hommes d’affaires allemands élargissent leurs investissements à d’autres secteurs, en plus de ceux de l'automobile et du matériel informatique.

En 2013, les échanges commerciaux de l'Allemagne avec l'Afrique ont atteint 60 milliards de dollars, alors que les transactions sino-africaines ont dépassé la barre des 200 milliards de dollars, selon site web germanyafrica.com. Une faiblesse des échanges Allemand-Afrique due au champ limité des investissements du pays d’Angela Merkel dans le continent.

Pour des chiffres encore plus importants, Goni préconise d’étaler les actions allemandes à d’autres domaine de business, dont les nouvelles technologies de télécommunication, les matières premières comme l'or, l'uranium, le pétrole et la transformation des produits de base comme le coton, le cacao, l'arachide et la gomme arabique.

* L'Allemagne forte de son image

Pour l'économiste Issa Abdelmamout,« l’Allemagne a choisi la bonne période pour relancer ses investissements en Afrique, surtout que les indicateurs macroéconomiques de certains pays africains semblent favorables à la croissance économique, notamment l'émergence d'une classe moyenne élargie, l'engagement de certains gouvernements à transformer sur place, certaines de leurs matières premières et la stabilité observée depuis 10 ans dans des pays comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Kenya, le Rwanda ou encore le Tchad», souligne l’économiste, dans un entretien avec Anadolu.
Près de 370 millions d’Africains, soit le tiers de la population du continent, appartiennent à la classe moyenne, selon une étude de la Banque africaine de développement publiée le 27 octobre 2014.

L’Allemagne part, du reste, à la conquête de nouveaux marchés en Afrique forte d’une bonne image auprès des Africains. « Les jeunes entrepreneurs du continent se lassent de plus en plus des systèmes de création de richesse français ou anglophone. Ils apprécient particulièrement le sens du travail, le dévouement et la fiabilité des Allemands. Puis, ils estiment qu'il y aurait une forte chance que ce partenariat germano-africain soit plus dynamique que le reste des partenariats.
Tous ces atouts joueraient en faveur d’un avenir radieux pour ce rapprochement économique et civilisationnel Allemagne-Afrique, augure l’économiste.


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