Afrique

RDC-Ouganda: Problématique, la pêche au lac Edouard

- Le lac Edouard est exploité des deux côtés par la RDC comme par l'Ouganda. Et bien qu'il s'agisse de la même eau et du même poisson, les pêcheurs qui franchissent une frontière invisible le payent trop cher...

Hatem Kattou  | 26.09.2017 - Mıse À Jour : 26.09.2017
RDC-Ouganda: Problématique, la pêche au lac Edouard

Congo, The Democratic Republic of the

AA/RDC/Joseph Tsongo

Dans le lac Edouard, la limitation des frontières entre la République démocratique du Congo (RDC) et l'Ouganda n'est pas facile à "reconnaître". Les pêcheurs des deux pays sont ainsi exposés à l'arrestation et à la confiscation de leurs matériaux en cas de violation des frontières lacustres. Il s'agit pourtant de la même eau, dans laquelle les poissons circulent librement.

Ainsi, les cas d’arrestation de pêcheurs congolais et Ougandais se multiplient, ces derniers temps, autour de l’exploitation des ressources halieutiques du lac Edouard, frontalier des deux pays voisins.

Si la marine ougandaise interpelle à tout moment des pêcheurs congolais et arrive à saisir leurs intrants de pêche, sous prétexte de pêche illicite dans les eaux ougandaises, en violation des frontières, les services congolais de sécurité interpellent eux aussi des pêcheurs ougandais pour le même motif.

De part et d’autre l’on se surveille mutuellement et gare à celui qui franchit l’interdit.

Au mois de mai, une vingtaine de pêcheurs congolais venus de la localité de Kyavinyonge ont été arrêtés par la marine ougandaise «pour avoir violé la frontière lacustre et pêché dans les eaux territoriales ougandaises», indique Katembo Kataliko, le président du comité des pêcheurs de Kyavinyonge, ajoutant que ses pêcheurs ont dû payer une amende de1 600$ pour recouvrer la liberté, après avoir passé une quinzaine de jours en détention dans la prison de Rusese, en Ouganda-voisin.

Durant le même mois, poursuit la source, quelques pêcheurs ougandais ont aussi été arrêtés par les services congolais de sécurité pour le même motif.

Pas de limites lacustres

Un pêcheur congolais joint par Anadolu affirme que les altercations entre Congolais et Ougandais sont simplement liées à la frontière lacustre, non balisée au niveau des eaux du lac Edouard : «pour le moment, il nous est tellement difficile de respecter les limites considérées sur base des rivières qui surabondent le lac […] on ne sait toujours pas quand on a traversé de l’autre côté et du coup, on vous met la main dessus» explique Kamate.

Il rappelle qu’au mois d’août de l’année passée, il avait également été arrêté par la marine ougandaise sous prétexte de pêcher dans les eaux ougandaises en violation des frontières : «nous étions au nombre de trois, ils nous ont d’abord tabassés et puis nous ont ravis les moteurs hors-bords et nos filets. Ils nous avaient ensuite transférés devant un tribunal de Katwe, toujours en Ouganda, avant de nous relâcher quelques jours après, suite au paiement de la caution exigée.»

Curieusement, selon les informations en notre possession, des pêcheurs ougandais sont également traités de la même façon, une fois interpellés par les services congolais de sécurité maritime.

Encore au mois d’août, dans la localité de Kyavinyonge, au moins quatre pêcheurs ougandais ont été interpellés par les services congolais de sécurité et leurs intrants de pêche ont été saisis pour violation des frontières lacustres et utilisation de matériel de pêche prohibés sur les eaux du lac Edouard, partie congolaise.

Avant d’être relâchés quelques jours après via le poste frontalier de Kasindi, ces sujets ougandais ont dû payer comme amende, l’équivalent de 100 litres de carburants (essence), confie l’un des agents de la direction générale des migrations (DGM) ayant requis l’anonymat.

Des actes de représailles ?

Facilement, un observateur dans la région, pense à des actes de vengeances des deux côtés.

Sylvain Nganduli, directeur administratif de la fédération de comités des pêcheurs individuels du lac Edouard, plaide notamment pour l’implication des gouvernements des deux pays pour solutionner le problème.

Il prévient, sinon, que cela constitue non seulement un manque à gagner pour les pêcheurs de part et d’autre du lac Edouard, mais également une perte de confiance entre les deux pays voisins, partageant non seulement les frontières terrestres, mais aussi lacustres.

Cependant, révèle-t-il, les pêcheurs congolais sont de plus en plus nombreux à être appréhendés du côté de l’Ouganda, parce qu’ils sont au point de vider leur stock de poissons : «Il s’observe une multiplication des pêcheries autour du lac Edouard du côté congolais et cela dépasse sa capacité halieutique» explique-t-il, évoquant les résultats des études qui ont prouvé que du côté congolais, le lac Edouard ne devrait supporter que trois pêcheries et 700 pirogues de pêche.


«Mais pendant ce temps, nous comptons plus de dix pêcheries illégales et plus de 2500 pirogues de pêche qui flottent du coté congolais du lac Edouard», justifie ainsi Sylvain, relevant la surpêche du côté congolais du lac Edouard et ajoutant que c'est la raison pour laquelle les Congolais vont toujours vers l’Ouganda voisin, où la pêche semble réglementée.

Les conflits autour de l’exploitation des ressources halieutiques du lac Edouard sont devenus récurrents. C’est ainsi que les organisations de la société civile environnementale du Nord-Kivu (Est) recommandent au ministre de l’Agriculture, pêche et élevage de trouver des mécanismes pour une gestion transfrontalière concertée des ressources halieutiques du lac Edouard.

Dans une lettre datée d’il y a une année, ces organisations ont suggéré qu’il soit mis en place, un cadre d’échange et de partage entre les deux parties appuyées par un comité technique composé de dix personnes en raison de cinq membres par pays.

C’est dans l’objectif de marquer clairement la frontière lacustre entre la RDC et l’Ouganda au niveau du lac Edouard se trouvant dans le sous bassin de la Semuliki et couvrant une partie de la RDC et de l’Ouganda au sein du bassin du Nil.




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