Analyse

Analyse : La gestion de la communication dans l'opération « Rameau d'olivier »

- Depuis le début de l'opération (20 janvier) à ce jour, les politiques, les Forces armées turques ainsi que les médias contribuent positivement à la communication.

Lassaad Ben Ahmed  | 11.02.2018 - Mıse À Jour : 12.02.2018
Analyse : La gestion de la communication dans l'opération « Rameau d'olivier »

Ankara

AA / ISTANBUL – YUSUF ÖZKIR

Les Forces armées turques poursuivent l'opération « Rameau d'olivier » depuis le 20 janvier à Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, pour éliminer les organisations terroristes du PKK/KCK/PYD-YPG et de Daech, et pour sauver les civils de l'oppression et de la cruauté des terroristes dans cette région.

Jusqu'à ce jour, de nombreux points stratégiques ont été libérés et l'opération se poursuit, étape par étape, en direction du centre d'Afrin.

La détermination de la coopération militaire et politique, qui s'est avérée indispensable quant à la progression de l’opération, a permis de mener jusqu'ici le Rameau d'olivier avec succès.

La réussite de la Turquie, en matière de gestion de la communication dans le cadre de l’opération, est également remarquable, quand bien même cette réussite ne peut égaler le succès sur le plan militaire.

En effet, la Turquie, sous la direction du président, Recep Tayyip Erdogan, a su relater, au niveau local et international, la réelle portée du Rameau d'olivier grâce notamment à la coopération du gouvernement, des entités militaires, des diplomates ainsi que des médias publics et privés.

De facto, un tel tableau de coopération a placé la barre haute en ce qui concerne la diffusion de l’opération du Rameau d'olivier à travers la communauté locale et internationale.

Il est toujours possible de faire mieux. En ce sens, il apparaît, au regard du dynamisme dont fait preuve la Turquie quant à l'exploitation de son propre potentiel, que la coopération entre les autorités publiques du pays est bien plus efficace qu'autrefois.

De la même manière, le secteur privé, dans presque toutes ses dimensions, fait preuve d'une énergie solide et sans précédent, quant au soutien de l'opération.

C'est pourquoi, une telle consolidation au niveau interne constitue une source de moral et de motivation pour les Forces armées chargées de mener l'opération Rameau d'olivier.

Depuis le début de l'opération (20 janvier) à ce jour, les politiques, les Forces armées turques ainsi que les médias contribuent, tous ensemble, positivement à la communication.

Les mesures prises en matière de communication, les préparations et les activités menées dans ce cadre peuvent être énumérées comme suit :

- Les mesures prises contre la propagande noire

1. La communauté locale en Turquie est unie, aussi bien sur le plan moral que matériel. Les politiciens, les associations et de nombreuses personnalités issues du monde des affaires soutiennent considérablement la volonté politique, qui a décidé d'entreprendre l'opération, ainsi que les Forces armées turques, chargées de mener le Rameau d'olivier.

A ce titre, il est nécessaire de préciser que près de 100% de la communauté soutient ladite opération. Cela est rendu possible grâce à la volonté politique de mettre en oeuvre une communication claire et explicite en matière de lutte contre les groupes terroristes.

2. Par ailleurs, la réactivité immédiate dans la contestation des photos, images et autres documents fallacieux, relayés par les groupes terroristes PKK-PYD-YPG sur les réseaux sociaux, permet également de contrer cette propagande noire.

En ce sens, les médias à l'instar de la chaîne nationale, TRT, ou encore l'Agence de presse Anadolu jouent un rôle primordial. Plus particulièrement, les diffusions faites par l'Agence Anadolu, dans 13 langues différentes, permettent de partager avec la communauté internationale, l'action légitime de la Turquie.

Enfin, le cabinet présidentiel et les bureaux ministériels, qui utilisent les réseaux sociaux avec efficacité via des publications en turc et en anglais, informent de façon active la communauté.

3. La diplomatie est également la scène d'un « trafic de communication ». Le président Erdogan, le premier ministre Binali Yildirim, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu ainsi que le chef de l'Etat Major Hulusi Akar ont chacun exposé à plusieurs de leurs homologues, les raisons du lancement de l'opération.

Les rencontres avec les autorités de certains pays, qui se positionnent contre l'opération, se poursuivent également. Les autorités turques recourent ainsi à l'empathie, la réitération et la conviction, clés de voûte de la communication, afin de bien gérer cette période.

En effet, la Turquie souhaite que ses interlocuteurs fassent preuve d'empathie et qu'ils comprennent qu'elle lutte contre le terrorisme dans l'unique but de protéger ses concitoyens et son intégrité territoriale.

La Turquie, confiante dans la légitimité du recours à son droit à la défense, réitère sa sensibilité afin d'exposer, à ses interlocuteurs les motivations de l'opération et ce, de la meilleure manière qui soit.

4. Les Forces armées turques mènent l'opération en coopération avec l'Armée Syrienne Libre (ASL). La période qui a débuté avec le Bouclier de l'Euphrate contre Daech se poursuit, aujourd'hui, contre le PKK.

Cependant, face au succès apparent du Rameau d'olivier certaines fractions ont lancé une campagne médiatique en vue de discréditer les membres de l'ASL.

Ce sont les Forces armées turques qui ont pris l'initiative de répondre à ces manipulations, dont le but n'est autre que de servir la propagande menée, au niveau international, par le PKK. Or, ces tentatives ont été mises à mal par les messages, des Forces armées turques, partagées avec la communauté via, essentiellement, les réseaux sociaux.

5. D'un autre côté, les médias occidentaux tentent de présenter le Rameau d'olivier, dont l'objectif est d'éliminer les groupes terroristes à l'instar du PKK, comme une opération menée contre les Kurdes.

A ce sujet, les thèses de la Turquie sont rappelées par les politiques qui réaffirment que l'opération cible uniquement les terroristes.

Les interviews des membres d'origine kurde de l'ASL, qui combattent contre les terroristes aux côtés de l'armée turque, renforcent la fraternité avec les Kurdes et consolident les motivations de l'opération tout en perturbant la propagande du PKK dans l’univers médiatique occidental.

6. A l'évidence, si une gestion réussie de la communication dépend du partage des informations, il n'en demeure pas moins que certains éléments se doivent d'être gardés confidentiels.

Il est à noter que les Forces armées turques mènent l'opération avec toute la sensibilité et l'attention qu'elle nécessite. Par ailleurs, la liberté reconnue aux médias, dans les débuts de l'opération, a par la suite été limitée, à un certain degré.

Le plan de l'opération, sa mise en œuvre et sa poursuite, étape après étape, ont pris le PKK-PYD-YPG au dépourvu. En effet, le lancement de l'opération sur les fronts où ces entités terroristes étaient confiantes, a causé une onde de choc, qui explique, d'ailleurs, la réussite de l'opération jusqu'à ce jour.

7. En outre, la distribution de tracts à Afrin, par les Forces armées turques ainsi que les sms envoyés aux habitants de la région, dans lesquels le message principal était « Afrin appartient aux habitants » sont autant d'éléments qui ont montré que la Turquie se soucie de l'opinion des locaux et que le réel objectif de l'opération est la lutte contre les terroristes.

En ce sens, il ne serait pas exagéré d'affirmer que ces messages ont créé un sentiment de confiance chez les habitants d'Afrin. Enfin, cela prouve, une fois de plus, que la cible de l'opération n'est pas les civils mais bien les entités terroristes de la région.

La concentration sur la communication stratégique renforcera l’opération

Il est également nécessaire, à ce niveau, de partager certains conseils à mettre en pratique ou s'ils le sont déjà, à fournir davantage d'efforts dans leur mise en œuvre.

1. Qu'il s'agisse d'organes de diffusion privés ou publics, tel que l'Agence Anadolu ou TRT, tous fournissent des éléments importants relatifs au contenu de l'opération.

Toutefois, il peut être efficace d'assigner des tâches respectives afin de maintenir le dynamisme de la communauté face à la propagande noire et aux manipulations propagées par les centres internationaux au service des groupes terroristes.

Dans ce cadre, une équipe spéciale peut, par exemple, être chargée de fournir les photographies et vidéos que les médias pourraient, par la suite relayer. Le succès obtenu dans la gestion de la communication visuelle se fera ressentir, dans la communauté, aussi bien maintenant que dans les périodes à venir.

En effet, à l'avenir, ces documents constitueront des sources importantes qui prendront leur place dans les archives historiques et permettront de retranscrire l'histoire conformément à la réalité.

2. Par ailleurs, la volonté politique et les Forces armées, chargées de mener l'opération peuvent suivre une voie plus systématique quant à la réalisation de réunions.

Ces dernières devraient se faire en face à face plutôt que sous la forme de communiqués écrits. De telles rencontres, avec les médias locaux et internationaux, permettront de combler les lacunes de communication.

De la sorte, la source des informations relayées sera plus sûre et les autorités montreront qu'elles sont les véritables interlocuteurs de l'opération. Le taux de réussite de l'opération augmentera grâce aux informations régulièrement partagées et qui seront par la même occasion, vérifiées.

A contrario, les documents relayés par les partisans de la propagande noire seront forcément dénués de toute crédibilité.

3. Un autre sujet qui nécessite l'attention est celui des partages, sur les réseaux sociaux, de messages et de vidéos, par les Forces armées turques et les membres de l'ASL qui luttent contre les groupes terroristes.

En effet, il ne faut pas oublier que la confidentialité fait partie intégrante de la communication stratégique et de l'opération militaire. Ainsi les risques qui pourraient découler de ces partages doivent être constamment et correctement évalués. Le cas échéant, ces sources, dès lors qu'elles ne sont pas contrôlées, risqueraient d'affaiblir la légitimité de l'opération.

- La production de contenu dans la gestion de la communication

Afin que le Rameau d'olivier atteigne son objectif il est nécessaire, d'une part, de poursuivre les efforts en vue de la production de contenus relatifs à son déroulement et d'autre part, de les distribuer de façon planifiée.

Car, dans une ère où l'information se propage à une vitesse fulgurante, les messages et signaux positifs délivrés à la communauté ne peuvent que mettre à mal les intentions de mauvaise foi.

Quoi qu'il en soit, le plus important, pour les politiques et les Forces armées turques, est de s'exprimer convenablement et de mettre en place une communication appropriée avec leurs interlocuteurs en ce qui concerne la portée et les réelles motivations de l'opération.

Pour le moment, au regard des circonstances actuelles, un graphique réussi se dessine.

Cela permet de créer, avec succès, une opinion publique et de construire une notoriété.

Enfin, tout cela est très précieux quant à la motivation de l'armée qui combat sur les fronts.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın