Politique, Analyse

France: Quels sont les enjeux du second débat de l’élection présidentielle?

Nadia Chahed  | 04.04.2017 - Mıse À Jour : 05.04.2017
France: Quels sont les enjeux du second débat de l’élection présidentielle?

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AA/Paris/Souhir Bousbih

C’est un événement inédit dans l’histoire de la cinquième République française. Mardi 4 avril, les chaînes de télévision CNEWS et BFMTV ont invité tous les candidats en lice à la présidentielle à débattre ensemble sur leur antenne.

Ils seront onze au total sur le plateau, et chacun devra s’exprimer sur trois thèmes choisis au préalable : le travail, la sécurité et le social. L’occasion de mieux faire connaissance avec les « petits candidats » et découvrir les nouveaux comme François Asselineau, et pour les électeurs de conforter leur choix ou au contraire, changer d’avis.

Car les débats télévisuels, on le sait, ont un impact important sur les téléspectateurs. C’est un exercice à double tranchant où certains, comme le candidat de la France Insoumise, arrivent à marquer des points et où d’autres, comme le candidat socialiste Benoît Hamon, y laissent des plumes.

Mélenchon plane, Hamon en panne

Pendant plusieurs semaines, Hamon a occupé la quatrième place dans les sondages et pouvait encore espérer rattraper le candidat républicain François Fillon, empêtré dans ses affaires judiciaires et en perte de vitesse dans les enquêtes d’opinion.

Seulement le débat du 20 mars, qui réunissait les cinq principaux candidats à l’élection, a marqué le début d’une inexorable chute. Sa prestation a été jugée par les téléspectateurs comme la moins convaincante des cinq selon une enquête réalisée le 21 mars, et les choses ne se sont pas arrangées pour lui la semaine suivante, après l’annonce du ralliement de Manuel Valls au candidat de "En Marche" Emmanuel Macron.

Lâché par l’aile droite de sa famille politique, Benoît Hamon a, publiquement, tendu la main à son adversaire de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui l’a vite refusée. « Je le regrette profondément » répondra le député des Yvelines, passé cette semaine sous la barre fatidique des 10% des intentions de vote. Et s’il répète que « ce ne sont pas les sondeurs qui font l’élection » mais les électeurs, il aura fort à faire mardi pour essayer de les convaincre. Il a joué une de ses dernières cartes lundi avec le lancement d’un simulateur en ligne pour calculer le revenu universel qui reviendrait à chacun s’il est élu.

Si Benoît Hamon veut rattraper son retard, d’autres à l’inverse voudront conserver leur avance et asseoir leur posture de présidentiable. Jean-Luc Mélenchon a réussi une percée incroyable après le premier débat, où ses talents d’orateur ont été salués par les observateurs et le public.

Désormais crédité de 15 à 16% des voix, à un point seulement du républicain François Fillon, il est, pour 44% des français interrogés par l’institut IFOP, celui qui incarne le mieux les idées et les valeurs de la gauche.

« La conjonction de la grande marche du 18 mars pour la 6ème République et du débat du 20 mars a provoqué mon décollage. La nature de ma candidature a changé » estime le leader de la France Insoumise dans les colonnes du Journal du Dimanche. Hors de question pour lui de réitérer le scénario de 2012, où les sondages le donnaient à 15% aussi, pour finalement terminer à moins de 11% au premier tour.

Pour contourner ce risque, Jean-Luc Mélenchon a adopté une nouvelle stratégie. Connu pour son caractère tonitruant, il essaye depuis plusieurs jours de rassurer su sa candidature et adopte l’image d’un homme apaisé et rassembleur. « La conflictualité a montré ses limites » a-t-il déclaré au JDD.

Haro contre Macron

Le naturel reviendra-t-il au galop mardi ? Pas impossible. D’autant que ce sont ses saillies lors du dernier débat qui l’ont distingué de ses concurrents. Et elles pourraient s’adresser aussi bien à Marine Le Pen qu’à Emmanuel Macron, ce dernier étant devenu la cible à abattre de tous les candidats confondus dans leurs meetings.

En tête dans les intentions de vote avec Marine Le Pen, il sait que son électorat, à l’inverse de la candidate frontiste, est très volatile. En témoignent les interventions filmées par les journalistes en fin de réunions, comme à Marseille le week-end dernier, où souvent, les militants ont des difficultés à se prononcer en sa faveur.

Pour conquérir les indécis, le débat est une étape importante pour le leader d’En Marche. Car en tenant tête à ses adversaires, lui qui s’est montré prudent dans ses attaques, il pourrait gagner en autorité et sortir de l’ombre de François Hollande, le président « normal » à qui le renvoient ses concurrents.

Mais aura-t-il seulement la possibilité de le faire ? L’expérience d’un débat à onze pourrait vite tourner au vinaigre si les échanges se transforment en cacophonie générale…Rendez-vous à 20h40 sur les chaînes de la TNT pour le savoir.

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