Politique, Analyse

Massacre des Rohingyas au Myanmar: Washington tombe le masque (Analyse)

- La visite du Secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson au Myanmar a mis en lumière la volonté des Etats-Unis de minimiser le massacre des Musulmans Rohingyas dans ce pays.

Tuncay Çakmak  | 17.11.2017 - Mıse À Jour : 18.11.2017
Massacre des Rohingyas au Myanmar: Washington tombe le masque (Analyse)

Ankara

AA - Ankara - Mahmut Osmanoğlu

Les musulmans d'Arakan au Myanmar traversent de grandes épreuves sous les yeux du monde entier.

L'armée du Myanmar et certains groupes Bouddhistes commettent des massacres sans distinguer enfants, femmes, ou personnes âgées. Des viols sont commis en permanence, les maisons sont vandalisées, les villages sont dévastés.

Le Conseil Rohingyas Européen qualifie la situation de "génocide au ralenti" mais ce génocide n'a cessé de gagner en vitesse et ampleur après le 25 août.

Selon les dernières données de l'Organisation des Nations Unies (ONU), le nombre de Rohingyas réfugiés au Bangladesh voisin s'élève à 617 mille 500, toutefois ce nombre ne cesse de croître, jour après jour.

Selon le Ministre des Affaires Étrangères du Bangladesh, Abul Hasan Mahmut Ali, l'armée du Myanmar a tué près de trois mille musulmans d'Arakan mais le chiffre exact reste indéterminable car les entrées et sorties sur le territoire sont interdites. Le nombre peut être encore plus élevé.

A la suite d'un massacre similaire de l'armée du Myanmar, en 2016, l'ONU avait publié un rapport selon lequel "les forces de l'ordre commettent des massacres, des viols groupés et d'autres crimes inhumains".

En dehors de quelques exceptions, comme la Turquie et d'autres réactions qui s'élèvent de part et d'autre, la communauté internationale et en premier lieu les Etats-Unis, la Chine, la Russie et l'Inde, continuent d'être aveugles, sourds et muets, malgré la vitesse que gagne ce "génocide au ralenti".

Le dernier épisode, en ce sens, est celui de Rex Tillerson. En visite au Myanmar le 15 novembre, le Secrétaire d'Etat américain Tillerson avait rencontré Aung San Suu Kyi et le général de l'armée Min Aung Hlaing avant d'annoncer que les USA ne sont pas intéressés par de plus larges sanctions économiques.

Les Etats-Unis, via Tillerson, ont minimisé les enfants massacrés, les femmes et filles violées, les maisons détruites et incendiées des musulmans de l'Arakan, les attribuant, en dépit des rapports de l'ONU, à quelques soldats et Bouddhistes extrémistes.

Autrement dit, les crimes contre l'humanité, commis à l'encontre des Rohingyas qui font l'objet d'une "épuration ethnique", selon l'ONU et l'ensemble des institutions internationales, ainsi qu'à un "génocide au ralenti" selon le Conseil Rohingyas Européen, ont été dédramatisés.

Ainsi, Tillerson a appelé le gouvernement du Myanmar à porter devant la justice les coupables lorsqu'ils seront en mesure d'obtenir des "rapports crédibles" à ce sujet car pour le moment les rapports existant seraient "dénués de crédibilité".

Par ailleurs, Tillerson a tenté de minimiser l'importance des événements au Myanmar, en portant à l'ordre du jour les autres opérations militaires et les conflits survenus dans d'autres régions. Il a également annoncé que l'opinion de Washington quant à la question de savoir s'il s'agit ou non d'une "épuration ethnique" est reportée jusqu'au retour de sa visite au Myanmar.

Les Etats-Unis qui soutiennent que les faits ont débuté suite aux attaques du groupe terroriste ARSA seraient donc atteints de "myopie", en refusant de reconnaître le caractère systématique des crimes contre l'humanité commis à l'égard des Rohingyas.

Ainsi, les événements survenus ne seraient que le résultat du débordement des ripostes du gouvernement aux attaques. Il s'agit là, d'un énorme degré de myopie. Pourtant, le gouvernement du Myanmar ne fait que répéter, depuis le 25 août, ce qu'il a fait un an auparavant.

Le fait pour les Etats-Unis de considérer ces événements comme un simple "excès des forces de l'ordre" lors des ripostes face un groupe, qui pourtant détient des armes les plus primitives qui soient, méritent de faire l'objet d'une analyse. D'autant plus, que les Musulmans de l'Arakan ont été qualifié par l'ONU de "peuple le plus opprimé au monde".

En bref, avec la visite de Tillerson au Myanmar, c'est le masque des Etats-Unis face au drame des Royingyas qui est tombé.

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