Économie, Afrique

Guinée équatoriale : L’agriculture a besoin d’un financement d’urgence

- La Banque africaine de développement est entrain de montrer la voie, en décidant d’investir 24 milliards de dollars dans l’agriculture de 33 pays africains au cours des dix prochaines années

Hatem Kattou  | 21.11.2017 - Mıse À Jour : 22.11.2017
Guinée équatoriale : L’agriculture a besoin d’un financement d’urgence Photo d'archives

Tunis

AA/Malabo/Fabien Essiane

La pauvreté n'est pas une entrave au succès. C'est du moins ce qu'en témoigne l'expérience d'Ola Ondo, un jeune agriculteur équato-guinéen de 25 ans qui a commencé avec très peu de moyens, avant de devenir un distributeur de tomates dans plusieurs grands supermarchés de son pays.

Originaire de la ville de Nyefang située dans le Centre du pays, il témoigne que :« Le monde rural équato-guinéen est un monde que je connais bien. J’ai moi-même tracé mon propre chemin pour m'en sortir de la pauvreté rurale. J’ai fréquenté une école de campagne sans électricité et vécu dans un village où, pour aller chercher de l’eau, nous devions parcourir des kilomètres.».

Il fait également savoir qu'à la tombée de la nuit, "on faisait nos devoirs sous la lumière des bougies ou de lampes à pétrole."

"Heureusement, j’ai pu sortir de la pauvreté pour arriver là où je suis aujourd’hui.", se félicite-t-il.

"Mais des dizaines de millions de gens dans des situations pareilles, n’ont pas connu le même sort que moi. Pour la plupart, le potentiel a tout simplement été gâché. Grâce à l’agriculture, j’ai construis ma vie», a-t-il expliqué à Anadolu.

Quelque 60 % d’équato-guinéens vivent dans les zones rurales, fortement tributaires de l’agriculture pour subsister. Car, au fait, tout le monde n’est pas parti à Malabo à la recherche des revenus du pétrole.

- La voie de la transformation

Pour beaucoup d'équato-guinéens, la voie à suivre pour améliorer la qualité de vie en milieu rural est de transformer l’agriculture. Toutefois, la faible productivité, le mauvais état des infrastructures rurales, l’exclusion numérique et le faible accès aux outils modernes et aux données agronomiques, ont donné comme résultat une qualité de vie fort médiocre dans ces campagnes.

En effet, peu de choses ont changé depuis de nombreuses années.

Les opportunités économiques se réduisent chaque jour pour beaucoup de gens, surtout depuis la chute des prix du pétrole.

Plusieurs familles ont plongé dans la pauvreté, en conséquence, malgré les efforts consentis par le gouvernement, entraînant un cercle vicieux, où la pauvreté devient héréditaire.

Dans ces conditions, les jeunes ruraux sont découragés, démunis et rendus sensibles à l’embrigadement par toutes sortes d’activités lucratives. Ils font tout ce qu’ils trouvent dans ces zones rurales à l’abandon, un terrain idéal pour leurs activités.

«Nous devons prêter attention à trois facteurs en particulier : la pauvreté rurale extrême, le fort taux de chômage chez les jeunes et la dégradation de l’environnement», avertit, dans ce contexte, Pedro Mohache Mebale économiste équato-guinéen.

Ce qu'il qualifie de «la triangulaire des calamités», est constituée de ces trois facteurs qui, partout où ils sont réunis, ils réduisent à néant l’aptitude à cultiver la terre et à accéder aux marchés.

Dès lors, il devient urgent d’investir massivement dans les zones rurales du pays et, ainsi, transformer ces zones de misère économique en zones de prospérité.

Selon l'expert, pour la création d’emplois et la construction d'une société stable, pour mieux endiguer le désespoir qui a tendance à gagner du terrain dans les zones rurales, "il est impératif de conjuguer l’ensemble, sécurité économique et sécurité alimentaire pour avoir une chance d’asseoir une prospérité économique".

La Banque africaine de développement est entrain de montrer la voie, en décidant d’investir 24 milliards de dollars dans l’agriculture de 33 pays africains au cours des dix prochaines années.

La Banque veut faire en sorte que l’agriculture cesse d’être perçue comme un secteur de développement qui aurait pour seule vocation de gérer la pauvreté et les moyens de subsistance, et l'élever en une activité industrielle de production et de transformation de produits alimentaires et, ainsi, créer de la richesse pour les propriétaires et des emplois décents pour les jeunes.

L'Afrique, une force agricole sans pareil

L’Afrique enregistre 35 milliards de dollars d’importations nettes de denrées alimentaires par an, un chiffre qui devrait atteindre 110 milliards de dollars à l’horizon 2025, si les tendances actuelles persistent.

«En cultivant ce que nous ne consommons pas et en consommant ce que nous ne cultivons pas, l’Afrique est en train de ruiner ses zones rurales, exporter ses emplois, affaiblir les revenus de ses agriculteurs et perdre sa jeunesse qui préfère émigrer, d’elle-même, vers l’Europe ou d’autres horizons», s’indigne l’économiste équato-guinéen Pedro Mohache.

Imaginez, souligne-t-il, ce que l’Afrique pourrait faire de ces 35 milliards de dollars par an, si elle se nourrissait elle-même. "Cela suffirait à électrifier tout le continent. Et 110 milliards de dollars d’économies annuelles sur les importations alimentaires suffiraient à combler tous les déficits d’infrastructures en Afrique", constate-t-il.

Il est ainsi clair qu'il est nécessaire de faire en sorte que les jeunes viennent vers l’agriculture et y voient une activité lucrative et non pas un signe de manque d’ambition.

Pour ce faire, la Banque Africaine de développement a déployé son programme « EnableYouth », afin de former une nouvelle génération de jeunes agriculteurs commerciaux et entrepreneurs agro-industriels.

«Notre objectif est de contribuer à faire émerger 10.000 jeunes entrepreneurs agricoles par pays dans les dix ans à venir», Indique la Banque africaine de développement lors de sa campagne explicative à travers l’Afrique subsaharienne.

Le secteur de l’agroalimentaire et l’agro-industrie devrait passer de 300 milliards de dollars aujourd’hui à 1.000 milliards de dollars à l’horizon 2030, quand 2 milliards de personnes auront alors besoin de nourriture et de vêtements.

Les entreprises et les investisseurs Africains devraient saisir cette opportunité et exploiter ce potentiel pour la Guinée Équatoriale dont le sol est extraordinairement fertile et, donc, prometteur.

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