Analyse, Afrique

"Seule une révolution sortira le Sahel de sa crise sécuritaire" (Analyste)

- Le militant altermondialiste nigérien Moussa Tchangari soutient cette thèse dans un document d’analyse qu’il vient de publier

Nadia Chahed  | 28.08.2017 - Mıse À Jour : 28.08.2017
"Seule une révolution sortira le Sahel de sa crise sécuritaire"  (Analyste)

Niger

AA/Niamey/Illa Kané

"Le Sahel ne pourra sortir de sa crise sécuritaire qu’au prix d’une révolution", soutient le militant altermondialiste nigérien Moussa Tchangari.

Un point de vue qu'il expose dans une analyse intitulée «Sahel: aux origines de la crise sécuritaire /Conflits armés, crise de la démocratie et convoitises extérieures».

S’appuyant sur les cas du Mali et du Niger, Moussa Tchangari estime que, depuis la fin des années 2010, les Etats sahéliens font face à des défis sécuritaires qui menacent jusqu’à l’intégrité de leur territoire.

«Depuis leur accession à l’indépendance, le Mali et le Niger ont été des pays coutumiers de la violence armée dirigée contre l’Etat (Ndlr : rébellions armées). Mais jamais la violence des groupes armés non étatiques n’a autant mis en danger leur intégrité territoriale, avec l’occupation pendant une période relativement longue d’une partie du territoire national», précise-t-il dans le document publié le 22 août et dont Anadolu a reçu copie.

Rappelant que «l’extrémisme violent n’épargne aucun continent», Moussa Tchangari note que «la particularité des pays sahéliens les plus touchés par ce phénomène, le Mali et le Niger, réside dans le fait qu’ils n’ont jamais réussi à sortir d’une tradition étatique héritée de la colonisation et fondée sur l’utilisation excessive de la violence comme moyen principal de gouvernance».

Tchangari estime, en outre, que la crise sécuritaire au Sahel a aussi mis en évidence «un affaiblissement des mécanismes de régulation de la violence» et une "justice qui, faute d’une indépendance suffisante par rapport au pouvoir exécutif, n’arrive plus à servir de cadre de résolution des conflits".

Estimant que la force militaire ne peut être la seule solution au conflit sécuritaire au Sahel, le militant nigérien regrette que «compte tenu de certains facteurs, notamment la forte emprise des grandes puissances. occidentales sur les gouvernements sahéliens, l’option d’un dialogue avec les groupes armés semble d’ailleurs totalement exclue pour l’instant, sauf avec les groupes autonomistes ou indépendantistes du Nord du Mali».

D’après Moussa Tchangari, «depuis le début des attaques de grande ampleur des groupes armés djihadistes dans le Nord du Mali, le Nord-Est du Nigeria et le Sud-Est du Niger, les seules négociations officiellement engagées avec ces groupes n’ont porté que sur des questions de libération d’otages».

Selon lui, la situation sécuritaire au Sahel «est une aubaine, d’abord pour les grandes puissances occidentales, en premier lieu la France, qui semblent en tirer avantage pour renforcer leur influence».

Saluant le G5 Sahel, regroupant les Etats de la région les plus touchés par l’extrémisme violent, comme une bonne initiative pour asseoir la sécurité, Tchangari estime toutefois que seule une «révolution» saura mettre fin à la crise sécuritaire que connaît le Sahel.

« La situation au Sahel requiert des réformes en profondeur, voire une véritable révolution politique, économique, sociale et culturelle», soutient-il.

Des réformes qui passent, selon lui, par un changement au niveau du mode de gouvernance consacrant les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels des citoyens, et par l’instauration d’une démocratie participative et le renforcement de la justice pour qu'elle joue pleinement son rôle de gestion et de règlement des conflits.

Moussa Tchangari est spécialiste de la situation sécuritaire au Sahel, tant au Niger que dans les autres pays de l’espace. Il était, au début du mois d’août courant, à un colloque international organisé à N’djamena (Tchad) sur le conflit dans le bassin du Lac-Tchad.

Son association "Alternative Espaces Citoyens" a réalisé plusieurs enquêtes sur le conflit de Boko Haram dans la région de Diffa. Un des rapports lui a même
valu d’être arrêté et gardé pendant plusieurs semaines à l’unité de la police anti-terroriste de Niamey, sous l’accusation de lien avec l’organisation terroriste, avant d’être libéré par la justice.

«L’idée d’écrire ce texte est venue de mes échanges avec des personnes de divers horizons (chercheurs, acteurs de la société civile, diplomates, journalistes, citoyens ordinaires, décideurs politiques), explique-t- il dans son ouvrage.

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