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Tunisie: Le spectacle s'invite dans la Rue

-De plus en plus de jeunes artistes choisissent aujourd'hui d'exercer leur art dans les rues, un moyen pour toucher un public autrement plus large et de s'exprimer librement

Nadia Chahed  | 28.03.2017 - Mıse À Jour : 28.03.2017
Tunisie:  Le spectacle s'invite dans la Rue

Tunis

AA/Tunis/ Afef Toumi

Dans les rues de Tunis il est désormais fréquent de voir des jeunes artistes s'adonner librement à des performances en tout genre. Spectacles de danse et de musique sont présentés dans les rues, consacrant ainsi l’expression artistique libre, accessible à tous et non conditionnée par l’espace.

Une tendance qui a pris de l'ampleur au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011 qui a vu la déchéance du régime de Zine El Abidine Ben Ali.

Depuis un vent de liberté a gagné tous les secteurs d'expression, notamment celui de l'art qui s'est du coup retrouvé propulsé en tant que moyen idéal d'exprimer ses idées, ses colères et ses attentes pour une jeunesse en pleine effervescence.

Rue de Marseille, une rue piétonne débouchant sur la grande Avenue Habib Bourguiba ou encore le passage central de cette mythique avenue de la capitale, sont les endroits de prédilection de cette nouvelle vague d'artistes de rue.

Ces derniers s'y installent en fin de journée et jusqu'au tard dans la soirée brassant nombre de spectateurs de passage qui les applaudissent, accompagnent leur chant et leur donnent même quelques pièces de monnaie en guise d'encouragement.

"Ansar Assalam" est l'un des groupes les plus remarquables dans cette catégorie. Souvent installé en face du théâtre municipal ( Avenue Habib Bourguiba), ce groupe oeuvre, à travers un genre musical propre, à transmettre des messages bien déterminés, déclare à Anadolu, Majdi Zarrai, membre de ce groupe.

"Notre objectif est de présenter une belle image de la Tunisie, surtout depuis que le terrorisme a commencé à entraver cette belle image, notamment à l'étranger", explique Majdi.

Cependant le quotidien de ces groupes n'est pas fait que de belles choses, ajoute l'artiste, évoquant la malheureuse expérience de son groupe dont les membres se sont retrouvés au poste de la police pour "nuisance sonore dans un lieu public".

Déplorant cette répression, Majdi assure que " Ansar Assalam" bravera tous les obstacles et toutes les répressions pour continuer à faire de la musique et à porter la voie des jeunes.

Faire de la musique de rue est pour nous un moyen de sensibiliser toutes les parties quant aux questions sociales qui restent sans solutions et d'interpeller les politiques quant à la condition des jeunes.

De la musique au théâtre, l’art de la rue prend plusieurs formes avec un seul objectif, celui de faire entendre la voix des oubliés et des plus faibles.

Rencontré par Anadolu aux alentours du quartier "La Fayette", dans le centre de la capitale, Ayoub Jaouadi, jeune artiste et créateur de théâtre, explique que « L’art de la rue est né, en Tunisie depuis 2008, parmi les jeunes artistes et créateurs qui étaient mis à l’écart et n’avaient pas l’accès aux cadres classiques destinés aux spectacles. Ils ont donc créé de nouveaux cadres pour s’exprimer, jusqu’à se trouver dans la rue, à s’exprimer à travers l’art ».

Réalisateur et acteur de théâtre, Ayoub considère que c'est plus récemment que le théâtre a rejoint le cinéma et la musique en tant qu'art de la rue. "C’est à partir de la révolution de 2011, que le théâtre de la rue, a connu une expansion".

Pour mon expérience personnelle, je cite la performance « Les oiseaux de l’Avenue », présentée à l’avenue Habib Bourguiba. Sa création a été basée sur des expressions inspirées du simple citoyen des quartiers populaires et non pas de celles adoptées par les artistes, ainsi, n’importe qui peut interagir avec le spectacle », explique le jeune artiste, qui profite de l’occasion pour mieux éclaircir l’idée du théâtre des opprimés.

Cet art est pratiqué avec les citoyens eux-mêmes, à partir des problèmes et des préoccupations du quotidien en les incitant à interagir pour trouver, seuls, les solutions à ces problèmes. « Le citoyen n’est plus récepteur passif mais devient transmetteur et contribue à la création », enchaîne notre interlocuteur.

Une première en Tunisie, Ayoub Jaouadi a pris l’initiative de pratiquer cet art avec les prisonniers du centre de Rééducation de la région Sidi Heni, dans la province de Sousse (Centre).

"En collaboration avec l’association Tanitarts on va réaliser des spectacles avec la contribution d’un groupe de jeunes prisonniers du centre de Rééducation des Mineurs de Sidi Heni. Ils vont bénéficier d’une autorisation judiciaire exclusive le jour du spectacle" , déclare Ayoub Jaouadi, fier de son initiative.

L’art de la rue constitue une alternative aux jeunes artistes créatifs pour s’exprimer plus librement et communiquer leurs messages sous une forme esthétique. Ces jeunes souhaitent, cependant, que leurs initiatives soient soutenues par les autorités de tutelle, afin de développer leurs projets artistiques.


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