Politique

France: Les propos de Macron sur la colonisation provoquent un tollé à droite

Les hommes politiques de droite et d'extrême-droite ne manquent pas de fustiger les propos d'Emmanuel Macron, le premier responsable politique français à qualifier la colonisation française en Algérie de "crime contre l'humanité"

Bilal Müftüoğlu  | 16.02.2017 - Mıse À Jour : 16.02.2017
France: Les propos de Macron sur la colonisation provoquent un tollé à droite

Paris

AA - Paris - Bilal Muftuoglu

Les propos d'Emmanuel Macron en Algérie qualifiant la colonisation française de "crime contre l'humanité" ont provoqué un tollé au sein de la droite et l'extrême-droite en France, accusant ce dernier d'avoir commis un "crime" contre la France.

Interrogé par la chaîne algérienne Echorouk TV en marge de son déplacement en Algérie, le fondateur du mouvement "En Marche" est revenu sur ses propos sur la colonisation, qu'il avait initialement exprimés au Point lors d'une interview novembre dernier.

"En Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un Etat, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie", estimait alors l'ancien ministre de l'Economie du gouvernement de Manuel Valls.

Macron est pourtant allé plus loin dans ses propos face au journaliste algérien, soulignant qu'il trouve "inadmissible" la glorification de la colonisation, comme cela avait été l'été dernier par le candidat Les Républicains (LR) à la présidentielle François Fillon.

"Je pense qu’il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certains, il y a un peu plus de dix ans, ont voulu faire ça en France. Jamais vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai condamné toujours la colonisation comme un acte de barbarie. Je l’ai fait en France, je le fais ici", a-t-il martelé.

Et de renchérir: "La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes".

Le candidat à la présidentielle, qui devient ainsi le premier responsable politique français à non seulement reconnaître la colonisation comme un "crime" mais aussi à se montrer prêt à présenter des excuses, a aussitôt déclenché un tollé chez les politiques de droite et d'extrême-droite en France.

"Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d'aller à l'étranger pour accuser le pays qu'on veut diriger de crime contre l'humanité ?", s'est-interrogée Marine Le Pen, candidate du Front national (FN) à la présidentielle depuis sa page Facebook.

"En utilisant cette argumentation probablement pour des raisons bassement électoralistes, le crime, c'est M. Macron qui le commet. Il le commet contre son propre pays", a-t-elle encore estimé.

Le vice-président du parti frontiste Florian Philippot s'en est aussi pris aux propos de Macron, demandant de son côté, "C'est un crime contre l'humanité, les routes qu'on y a laissées, les écoles qu'on y a mises, les hôpitaux qui ont été construits, la langue française qui a été laissée en héritage, la culture française ?" sur LCI.

Fillon, qui avait fait l'éloge de la colonisation l'été dernier, a vu pour sa part une "détestation" de l'histoire française dans la déclaration de son adversaire. "Cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d'un candidat à la présidence de la République", a-t-il noté lors d'un meeting à Compiègne (Oise).

Le président LR de la région Provence Alpes Côte d'Azur Christian Estrosi a accusé Macron de faire un "contresens historique", estimant qu'il s'agit des propos non "réfléchis" de sa part.

"C'est une faute majeure, je n'imagine pas un seul instant que ce soit réfléchi de sa part", a-t-il déclaré jeudi sur Public Sénat.

Et Estrosi de vanter les mérites de la colonisation: "Si l'Algérie est un grand pays aujourd'hui, c'est parce que les Français sont allés construire des boulevards, des routes, des avenues, des universités, parce que de grands architectes ont dessiné l'urbanisme d'Oran ou d'Alger. Nous n'avons pas le droit de renier tout cela. Ce qu'a dit Emmanuel Macron est un contresens historique".

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